Bonjour à tous chers lecteurs, je vous souhaite la bienvenue dans cette nouvelle rubrique dédiée à l’analyse de notre monde actuel. Je vais tenter de décrypter et d’analyser notre monde sur le plan politique, économique, social, géopolitique, historique, etc. En partant d’une simple réflexion, nous essayerons d’appréhender notre monde et tenter de mieux le comprendre. Alors je n’ai plus qu’à vous souhaiter une bonne lecture !

Pour commencer cette rubrique Décrypto, je vais poser la question suivante : comment notre monde économique a-t-il réussi à se développer et comment les obstacles qui se sont dressés en travers de sa croissance l’ont rendu aujourd’hui presque invincible ? Nous allons donc analyser l’histoire de la croissance économique, ses progrès et ses ralentissements.

Taux de Croissance Annuel Moyen (TCAM) du PIB (Produit Intérieur Brut) sur la période 2017-2022 dans le monde – Rexecode

L’ère du changement : Londres, Angleterre, 1750

Beaucoup d’économistes s’accordent sur le fait que l’histoire de la croissance économique et les économies de marché débutent réellement au XVIIIe siècle, suite aux révolutions politiques et sociales en Europe.

Définissons d’abord le terme de « croissance économique1 » : elle désigne l’augmentation de la production de biens et de services au sein d’un Etat. Elle se mesure grâce à l’agrégat du Produit Intérieur Brut, plus connu sous l’acronyme PIB2. On distingue 2 types de croissance : elle est « extensive3 » quand on augmente les quantités des ressources humaines (travail, infrastructures) et capitales (machines, logiciels, formation). Elle est « intensive4 » quand on améliore l’efficacité des ressources précédentes. Maintenant que les bases sont posées, plongeons nous dans les prémisses de la croissance.

Avec la révolution démographique en Angleterre qui amènera à une révolution politique en France en 1789, les industries commencent à émerger. Avec l’invention de la machine à vapeur en 1769 par James Watt et l’utilisation intensive du charbon, les usines se développent et de nouvelles villes voient le jour, attirées par ce progrès technologique. Les transports ferroviaires permettent d’acheminer plus rapidement les marchandises et les bénéfices augmentent. L’Europe est peu à peu gagnée par une fièvre économique qui se propage jusqu’aux Etats-Unis et au Japon.

19th century illustration of Barrow hematite steel works, in Cumbria, England.(Wedwood, Watt & Co./ W.P. Bennett & Co., London/Birmingham, 1873).

Une deuxième révolution industrielle, celle des constructions navales, de l’armement et surtout de l’industrie automobile ; redynamisent la croissance. L’électricité n’en est qu’un accélérateur parmi d’autres. Mais cette révolution n’est pas durable.

Des coups de freins importants : le système financier

Pour que les entreprises puissent continuer à prospérer grâce à l’industrialisation, elles ont recours aux banques. La croissance n’est possible qu’en associant le système économique au système financier. Les patrons de grandes firmes5 empruntent aux banques et un capital6 se créé. Ce dernier se divise en actions7, cotées en Bourse8 (=marché financier d’échanges de titres). Ainsi on parle de croissance en libre-échange9 quand les entreprises (et même les Etats) s’échangent librement des biens et des services, en supprimant les obstacles au commerce international10.

Néanmoins, le système financier dépend des actions et titres de propriété et les banques ne peuvent pas toujours offrir un crédit abordable. Ainsi les petites sociétés qui ne peuvent emprunter à un taux élevé, se tournent vers d’autres acteurs ou font faillite. Et les banques voient leur nombre de client baisser, ce qui les amène aussi à la ruine. Mais d’un autre côté, beaucoup d’entreprises, plutôt que d’investir dans de nouvelles innovations11, qui pourraient alors favoriser leur progrès technique12 ; préfèrent spéculer en Bourse sur la valeur des actions. Et ce n’est pas sans conséquence.

Un arrêt brutal de la croissance : Wall Street, 1929

©Getty – Imagno

Ce qui devait arriver arriva : le jeudi 24 octobre 1929, la bourse de Wall Street à New-York s’effondre. La cause principale : les entreprises spéculaient (pariaient sur la valeur des titres) tellement que les valeurs des actions ne valaient plus rien et la Bourse chuta. Les Etats-Unis d’abord et le reste du globe ensuite sont plongés dans une crise financière, économique et sociale sans précédent. La croissance économique est au plus bas et l’on assiste à une dépression13 (=forte baisse durable de la production et de la consommation, on parle aussi de récession économique), la Grande Dépression. Même si certaines politiques de relance telles que le New Deal sont mises en place dans les années 1930, la dépression s’installe durablement.

Se reconstruire après 2 guerres mondiales : les Trente Glorieuses

Canalblog

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les économies libérales14 de l’Europe, des Etats-Unis et du Japon vont connaître une véritables période de forte croissance, les Trente Glorieuses (ou 30G dans le jargon des SES). Les taux de croissance du PIB atteignent des valeurs records et sont compris entre 5 et 10 % par an selon les pays. Entre 1945 et 1975, les pays connaissent un quasi plein emploi, une forte consommation et une élévation du niveau de vie.

Canalblog

Sur ce graphique, on observe que les taux d’équipements des ménages en électroménager, automobile, appareils de divertissement augmentent tous fortement à partir de 1970.

Une croissance soutenable ?

En 1972, le rapport Meadows publie un constat alarmant : la forte croissance détruit peu à peu l’écosystème terrestre. On s’interroge sur la soutenabilité15 de la croissance. Faut-il continuer de produire autant et de léguer aux génération futures un avenir pollué ou essayer de le limiter en utilisant les innovations ?

De grands débats internationaux se mettent en place (sommet de la Terre à Rio en 1992, protocole de Kyoto en 1998) et aboutissent à des décisions pour limiter la croissance économique en veillant à ce qu’elle ne mette pas totalement en péril le capital naturel16 de la planète.

Néanmoins, beaucoup de pays pollueurs tels que les Etats-Unis, la Russie ou la Chine n’approuvent pas les décisions et continuent leurs croissances (en 2012, le taux de croissance du PIB états-unien remonte fortement avec l’exploitation intensive des gaz de schiste).

Croissance ou environnement ? Destruction ou préservation ? (Crise des subprimes, Covid-19)

Aujourd’hui le monde s’interroge : faut-il continuer l’activité économique et ne pas ou peu se soucier de la planète, puisque cela nuirait au bien-être humain ou faut-il limiter notre empreinte et essayer de concilier développement durable avec croissance économique ?

C’est tout l’enjeu des débats actuels et l’importance cruciale de trouver un solution est même devenue une priorité pour des millions de jeunes dans le monde, si bien que beaucoup d’entre eux tenteront de répondre à ce dilemme lors de leur grand oral du Bac.

Banque Mondiale

Ce graphique réalisé par la Banque Mondiale montre l’évolution de TCAM du PIB de 1990 à 2022. On peut constater une nette croissance jusqu’à la crise économique17 des subprimes en 2008. Après les années 2010, le TCAM remonte pour atteindre un niveau extrême à 6% en 2021 (et pendant cette hausse, on distingue une chute de la croissance due à la crise sanitaire du Covid-19 qui a fragilisé les économies). On peut toutefois noter une légère décroissance18 en 2022, signe peut-être que le monde prend conscience du problème environnemental de la croissance.

Voilà j’espère que vous avez apprécié ce nouveau format d’article et à bientôt pour une nouvelle réflexion dans votre rubrique Décrypto !!

TL

Note : les notions abordées ici sont pour la plupart extraites des chapitres de SES sur les sources de la croissance et le commerce international.

Vocabulaire technique :

1. Croissance économique : augmentation de la production de biens et de services au sein d’un Etat.

2. PIB : Produit Intérieur Brut, indicateur économique permettant de quantifier la valeur totale de la production de richesse annuelle effectuée par les agents économiques sur un territoire.

3. Croissance extensive : type de croissance qui repose sur l’accumulation des facteurs travail (W) et capital (K).

4. Croissance intensive : type de croissance qui repose sur l’amélioration de l’efficacité des facteurs de production.

5. Firme : grande entreprise qui possède souvent des filiales et succursales.

6. Capital : ressource propre d’une banque permettant de financer ce qu’elle n’a pas emprunté.

7. Action : titres de propriété qui certifie à l’actionnaire de détenir une part significative de l’entreprise.

8. Bourse : marché financier où s’échangent les titres.

9. Libre-échange : libre circulation de biens et de services entre les Etats par la suppression des obstacles au commerce international, inverse de protectionnisme.

10 : Commerce international : libre circulation des biens et des services.

11. Innovation : produit nouveau, passage de la production d’une invention à une production d’une innovation commerciale, organisationnelle ou procédé.

12. Progrès technique : ensemble des innovations qui permettent la croissance intensive grâce à la productivité PGF.

13. Dépression : inverse de la croissance, forte baisse de la production et de la consommation (ou récession).

14. Economie libérale : système économique d’un Etat qui repose sur le libre-échange, le capitalisme libéral.

15. Soutenabilité : développement durable qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoin aux leurs.

16. Capital naturel : ressources naturelles que la Terre peut offrir (forêts, poissions, minéraux).

17. Crise économique : déséquilibre profond entre l’offre et la demande, période de récession qui entraîne une forte dépression et un effondrement du PIB, des capitaux.

18. Décroissance : baisse du TCAM du PIB, inverse de la croissance.

Tendances