Logo de la Walt Disney Company, à l’occasion du centenaire anniversaire

Le 16 octobre 1923, les frères Walt et Roy Disney fondent la société Disney Brothers Studio. Qui aurait pu imaginer que cent ans plus tard, l’empire Disney rayonnerait à l’échelle planétaire ? Certainement pas son créateur, Walt Disney (1901-1966), l’homme aux multiples facettes, à l’imagination débordante et à la créativité sans limite, avec la volonté d’enchanter les petits et les grands. Retour sur 100 ans de magie.

Du dessin au court-métrage : des débuts difficiles

Contre toute attente, l’entreprise Disney n’a pas connu le succès dès ses débuts en 1923. La série de courts-métrages des Alice Comedies, qui connaît un bref succès, permet à Walt Disney d’acheter un plus grand terrain à Hollywood afin d’accueillir tous les animateurs. L’année 1927 marque un tournant dans l’histoire de cette nouvelle entreprise, Walt Disney Studios. Le lapin Oswald débarque dans les studios, sur demande du grand producteur américain, Charles B. Mintz.

Mais cette série avec Oswald ne connaît pas un réel succès et le studio est rapidement confronté à une crise financière. Walt est contraint de trouver de nouveaux investisseurs et de nouvelles idées qui lui permettront de remonter la pente. Et c’est avec cet échec que sa carrière décolle.

L’âge d’or de la petite souris

Photographie très célèbre de Walt Disney, entouré des premières peluches de l’entreprise

Mickey Mouse naît le 18 novembre 1928. Il apparaît dans un film avec son et dialogue synchronisés- première pour l’époque- , le fameux Steamboat Willie. Il est accompagné de Minnie Mouse et de Pat Hibulaire (qui lui était déjà connu depuis 1925). Qui aurait-pu croire que le personnage esquissé sur une feuille de papier, dans un train, par Walt Disney et son acolyte Ub Iwerks ; envahirait la sphère culturelle, sociale et mondiale ? C’est sur ce pari fou que le studio se lance dans une série de courts-métrages d’animation, l’histoire ne retiendra que les plus célèbres, Plane Crazy, Mickey Gaucho, The Haunted House, Symphonie enchantée, Le cauchemar de Mickey ou encore La Fanfare. Parallèlement à cela, la société produit la série des Silly Symphonies qui verra naître entre autre Donald Duck, Pluto ou les Trois Petits Cochons.

Fort de son succès, la société se réorganise en plusieurs départements et Walt signe un contrat avec Columbia Pictures en 1930. La même année, il commercialise la première poupée à l’effigie de Mickey, imaginée par la talentueuse Charlotte Clark.

Mickey sera alors presque au sommet de son succès, et cela ne fait que commencer.

De Blanche-Neige à Mary Poppins : les grands classiques de Walt

Blanche-Neige et les Sept Nains (1937)

Walt Disney a alors un pari complètement fou : créer et produire un long-métrage animé. Chose faite le 21 décembre 1937 à Los Angeles avec la première de Blanche-Neige et les Sept Nains. C’est un carton phénoménal : le studio récolte 8 millions de dollars de recettes. Bien sûr, Disney ne souhaite pas s’arrêter là et élabore le projet d’un film musical semi-animé, Fantasia.

En 1939, le destin du monde est plus que jamais incertain. La Seconde Guerre Mondiale bouleverse chaque nation et mobilise des milliers d’hommes, une nouvelle fois. L’Europe, durement touché par la Grande Guerre, peine à se reconstruire ; il est à nouveau orienté vers un conflit à présent, qualifié de guerre d’anéantissement. Les nouveaux studios Disney sont réquisitionnés par l’armée. Les studios de tournages deviennent des entrepôts militaires et une partie des dessinateurs font des dessins animés de « propagandes » et d’éducations militaires. Cela ne décourage pas Walt, puisqu’il réussit à produire d’autres chef-d’œuvre tels que Pinocchio et Fantasia en 1940, Dumbo en 1941, Bambi en 1942. Finalement, ce seront au total une vingtaine de long-métrage qui seront produits entre 1940 et 1980. Ce sont les « classiques » que beaucoup estiment comme les meilleurs films réalisés par Walt de son vivant. On trouve entre autres, Cendrillon (1950), Alice au Pays des Merveilles (1951), Peter Pan (1953), La Belle et le Clochard (1955), La Belle au bois dormant (1959), Les 101 Dalmatiens (1961), Merlin l’Enchanteur (1963) et Mary Poppins (1964).

Du rêve à la réalité : l’inauguration de Disneyland

Plan du parc Disneyland à Anaheim en Californie (1955)

Insatiable, jamais à court de projets, Walt se lance encore une fois un ingénieux pari : construire un parc à thèmes, pour célébrer son univers. Il lui aura fallu 17 millions de dollars et plus de 3 ans pour que le 17 juillet 1955, le parc Disneyland ouvre à Anaheim en Californie. C’est un succès colossal, la société enregistre des bénéfices records et enfants comme parents peuvent désormais arpenter les allés d’un royaume de magie, rencontrer ses personnages préférés et célébrer l’empire naissant de Disney.
Malheureusement, un évènement tragique va bouleverser totalement la firme ainsi que le monde entier.

« Tout a commencé par une souris » : l’année 1966

Une de Paris Match du 15/12/1966

Le 15 décembre 1966, le monde pleure. L’un des artistes les plus populaires de l’époque vient de décéder d’un cancer des poumons à l’âge de 65 ans. Etats-Unis, Italie, Royaume-Uni, Japon, France : la planète entière est sous le choc. Walt Disney disparaît dans la tristesse et il dira toujours que l’équipe était plus importante que lui. La société continue de réaliser des films et amorce la construction d’un nouveau parc en Floride.

Roy Oliver Disney, frère aîné de Walt, décide de continuer l’œuvre de ce dernier et met en place plusieurs projets. Le cours de l’action de l’entreprise entre en Bourse en 1966 mais aucun nouveaux projets n’est réalisé. C’est comme une période nécessaire de « transition ».

Se redresser et relever de nouveaux défis : 1970-1990

Inauguration de Walt Disney World à Orlando (Floride) en 1971

Le 1er octobre 1971, le deuxième parc sous licence Disney, Walt Disney World Resort, ouvre à Orlando en Floride. 12 ans plus tard, le parc Tokyo Disneyland, est inauguré au Japon. L’empire Disney commence progressivement à toucher le monde entier et à conquérir de nouvelles cultures. Parallèlement, les classiques d’animation continuent de s’enchaîner : Le Livre de la jungle (1967), Les Aristochats (1970), Robin des Bois (1973), Winnie l’Ourson (1977), Rox et Rouky (1981), La Petite Sirène (1989). La société réalise également le film Tron (1982), utilisant pour la première fois des images de synthèse générées informatiquement.

En 1984, Michael Eisner, ancien président de Paramount (il a réalisé les Indiana Jones), est nommé directeur général de la société Walt Disney Productions. Bien qu’il relance l’entreprise avec l’apport de nouveaux projets, il a été vivement critiqué pour une gestion souvent à son profit.

En 1987, Disney conclut un accord avec l’Etat français pour la création d’un domaine de loisirs aux portes de Paris.

Le nouvel âge d’or : 1990-1996

Le début des années 1990 permet à la société de connaître une forte prospérité et on atteint même l’apogée de l’empire de Walt. Plusieurs piliers de l’animation sortent en salle : La Belle et la Bête (1991), Aladdin (1992), Le Roi Lion (1994) et Pocahontas (1995).

Disney tire un trait d’honneur en inaugurant en 1992, le premier (et le seul encore aujourd’hui) parc en Europe : Euro Disneyland (rebaptisé en 1994, Disneyland Paris) à Marne-la-Vallée, proche de la capitale française. C’est un relatif succès, le public français étant surpris par l’arrivée du géant américain en Europe, 10 millions de visiteurs étaient présents lors de l’ouverture.

Néanmoins, à l’aube de l’année 1994, Disney est en difficulté. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer : la mort de Frank Well (directeur), le départ du producteur Jeffrey Katzenberg qui fonde le studio DreamWorks et la dette qui pèse sur les parcs. En février 1996, Disney créé la filiale Disney Cruise Line pour des croisières thématiques.

Une fusion déterminante

En 1995-1997, Disney signe un accord avec la société Pixar afin de coproduire cinq longs-métrages d’animation totalement en image de synthèse. Les jouets de Toy Story débarquent en 1995 et c’est un carton énorme. Le public adore. Malgré quelques suites oubliées (2 suites de Aladdin, La Belle et la Bête 2, Pocahontas 2 et Le Roi Lion 2), le studio réussit à allier sa production de films avec celle en collaboration avec Pixar. On retiendra principalement Le Bossu de Notre-Dame (1996), Hercule (1997), Mulan (1998) et Tarzan (1999). En 1998, les insectes de 1001 Pattes arrivent sur grand écran et les jouets de Toy Story reviennent pour un deuxième volet en 1999.

Néanmoins, Pixar et Disney commencent à avoir des points de désaccord. Toy Story 2 était d’abord destiné à une sortie directement en vidéo. Pour Disney, cette production ne faisait pas partie du contrat des trois films signé en 1991. Toutefois, le film est finalement sorti en salles. Pixar a alors demandé qu’il soit inclus dans les trois films prévus par le contrat, mais Disney a refusé. Pixar se voit donc contraint de produire trois autres films inédits, exceptions faites d’éventuelles suites.

A l’aube du XXIe siècle : 2000-2010

Disney réussit en 2000 à renouer avec son passé. Cinquante-huit ans après le classique Fantasia, c’est Fantasia 2000 qui sort sur les écrans de cinéma. Néanmoins, les attentats du 11 septembre 2001 qui affectent profondément le secteur touristique et les revenus des parcs, font subir au studio, des difficultés. Il peine à ouvrir le parc Tokyo DisneySea en 2001 et l’ouverture du parc Walt Disney Studios à Disneyland Paris ne connaît pas un réel succès dès le premier jour. Quelques films connaîtront leur suite mais sans réel enthousiasme public, les long-métrages Pixar, Monstres & Cie (2001) et Le Monde de Nemo (2003) récoltant plus de succès. On peut nuancer toutefois puisque Lilo & Stitch récoltera à sa sortie en 2002, environ 273 millions de dollars.

Les Indestructibles (2004), Cars (2006) et Ratatouille (2007) sont des preuves que la collaboration avec Pixar aura porté ses fruits, bien plus que les films Disney indépendants de cette période. En septembre 2005, le parc Hong Kong Disneyland ouvre ses portes. Au même moment, Michael Eisner démissionne et cède se place à Rober Iger. Le 5 mai 2006, Disney rachète Pixar.

De 2008 à 2010, plusieurs classiques remontent Disney en tête d’affiche : La Fée Clochette (2008), Wall-E (2008), Là-Haut (2009), La Princesse et la Grenouille (2009), Toy Story 3 (2010), Raiponce (2010). Le 1er janvier 2010, la société Marvel est rachetée. En 2012, c’est Lucasfilm (société qui produit la saga Star Wars) qui est rattachée à Disney.

Une ascension fulgurante dans un monde mondialisé : 2010-2019

Logo Disney de 2011

Disney décolle (enfin) depuis les années 2000 : Cars 2 (2011), Rebelle (2012), Les Mondes de Ralph (2012), Monstres Academy (2013), Planes (2013), sans oublier le succès planétaire de La Reine des Neiges (2013), devenu fer de lance de Disney et référence pour la société du XXIe siècle. Puis les années 2015-2019 verront connaître des nouveautés en terme d’approche des films d’animations (Vice-versa en 2015), d’univers riches et originaux (Zootopie en 2016), de diversité culturelle et géographique (Vaiana en 2016), de sujets sensibles mais diffusés via l’art (Coco en 2017) et le retour de franchises mythiques (Toy Story 4 et La Reine des Neiges II en 2019).

Disney se lance aussi dans la réadaptation de ses classiques, non plus sous forme d’animation, mais en prises de vue réelle, comme en témoigne Jean-Christophe et Winnie (2018), Le Retour de Mary Poppins (2018). On l’oublie souvent, mais Disney avait aussi racheté le studio Blue Sky en 2017 qui produisait l’Age de Glace notamment.

L’ère du numérique : depuis 2019

En 2019, la plateforme de VOD, Disney+, est lancée. Disney s’inscrit alors dans son temps en occupant désormais toutes les sphères de la société. Il réussit à sortir autant des films d’animations (Soul en 2020, Luca et Encanto en 2021, Buzz l’Eclair en 2022, Elementaire et Wish en 2023, ainsi que prochainement Vice-versa 2), que des films en prises de vue réelles (Mulan en 2020, Cruella et Jungle Cruise en 2021, Pinocchio en 2022, La Petite Sirène en 2023). Il sort chaque année des films et séries Marvel, des séries Star Wars et prépare de prochaines trilogies. Il réussit à faire vivre la mémoire de ses anciens classiques (Pirates des Caraïbes) à travers son empire, ses produits, son image, ses parcs. Il ouvre régulièrement dans ses parcs de nouvelles attractions et spectacles basés sur ses univers.

Mais ce qui est sûr, 100 ans après, c’est que Disney a réussi son pari : faire rêver petits et grands !

A suivre dans la partie 2…

TL

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